Chronologie

François Laurent

30 janvier 1885 : naissance de François Marie LAURENT en la commune de Mellionnec (Côtes-d'Armor).

08 octobre 1906 : pour son service militaire, il est incorporé au 71è RI avec son camarade : Tugdual Collet (classe 1905)

25 septembre 1908 : fin de son service militaire

 

La mobilisation

01 août 1914 : par décret du Président de la IIIème République, Raymond Poincaré: la mobilisation des armées de terre et de mer est ordonnée.

03 août 1914 : l'Allemagne déclare la guerre à la France.

05 août 1914 : François rejoint le 247ème régiment d'infanterie à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine).

11 août 1914 : le 247ème régiment d'infanterie débarque par voie ferrée à Attigny (Ardennes)

06 septembre 1914 : par décret du Président de la IIIème République , Raymond Poincaré: les jugements rendus par les conseils de guerre spéciaux ne sont susceptibles ni de recours en révision, ni de pourvoi en cassation.

 

La blessure

01 octobre 1914 : François se trouve dans une tranchée de 1ère ligne, face à l'armée allemande ennemie, dans le secteur de Souain (Marne) sur la côte 158.
La journée est particulièrement violente pour qu'un compte rendu détaillé soit envoyé au colonel du 247RI.
Durant cette nuit, une vive fusillade éclate et Tugdual Collet et François sont légérement bléssés.
François est blessé à la main et suivant les ordres de son chef de section, le Lieutenant Briand : il se rend au poste de secours pour y être soigné.
Il est ensuite conduit à l'hôpital militaire de Châlons-sur-Marne.

Voir la déposition de François et la lettre de M.Briand à ce sujet.

 

Certificat du Dr Buy

03 octobre 1914 : après examen, le médecin principal de 2ème classe Buy délivre un rapport polycopié aux autorités qui vont alors le soupçonner de mutilation volontaire.

Note personelle

Le 2 juin 1934 le docteur Buy est auditionné et précise qu'ils étaient 3 pour examiner 7 à 800 blessés par jour et qu'il avait beaucoup de travail ce qui explique que les rapports étaient polycopiés.

Donc nous avons 800 bléssés pour 3 sur 24h (sans dormir) cela fait 11 blessés par heure à examiner soit à peine plus de 5 minutes par examen.
Avec une telle rapidité, je doute que ces examens médicaux aient toujours été sérieux et rigoureux.
Ou ne fallait-t'il pas juste mettre un nom sur un rapport polycopié ?!

 

13 octobre 1914 : une note du Général de Langle de Cary présise :
«Tout homme suspect de mutilation volontaire à la main ou au pied sera mis en état d'arrestation immédiate» [...]
« les suspects seront traduit séance tenante, sous l'inculpation d'abandon de poste près ou de loin de l'ennemi devant un Conseil de Guerre spécial, à composition restreinte et à procédure simplifiée »
et conclut par « la répression doit être rapide et sévère »

 

La condamnation

18 octobre 1914 : le Conseil de Guerre du quartier général de la 4ème armée est convoqué.
Sans enquête préalable et sur la base d'un rapport polycopié et malgré que François ne peut se défendre car il ne parle que le breton : François est condamné à la peine de mort pour abandon de poste en présence de l'ennemi.

 

L'exécution

Fiche de décès

19 octobre 1914 : sans possibilité de faire appel du jugement, François est passé par les armes françaises avec 12 autres de ses camarades.

19 mars 1915 : l'acte de décès est transcrit à la Mairie de Mellionnec et conformément au code de Justice Militaire, l'acte est affiché publiquement.

Suite à ce destin tragique, la veuve Laurent reste avec deux orphelins à élever sans pension de guerre et avec le mépris de beaucoup de personnes ignorantes.

 

En quête d'une réhabilitation

janvier 1920 : le camarade de François, Tugdual Collet écrit au Capitaine Briand sur l'injustice que subit la femme de François. Le capitaine Briand lui répond et écrit une lettre au juge de Paix du Canton de Gouarec.

01 février 1922 : une demande de révision est adressée à M.le Procureur Général près de la Cour d'Appel de Rouen

10 juillet 1922 : la Cour d'Appel de Rouen rejette cette demande

03 janvier 1925 : adoption d'une nouvelle loi d’amnistie

09 mars 1932 : adoption d'une loi créant une cour spéciale de justice militaire chargée de la révision des jugements rendus dans la zone des opérations des armées de terre et de mer par des juridictions d'exception.

15 mai 1933 : l'épouse de François Laurent soutenue par quelques personnalités et notamment l'union fédérale (associations des combattants et victimes de guerre) demande la réhabilitation de François Laurent

21 octobre 1933 : la cour spéciale de justice militaire étudie la recevabilité de la requête et déclare la demande recevable. Toutefois, elle surseoit à statuer et demande une contre expertise médicale.

18 novembre 1933 : la cour spéciale de justice militaire n'ayant en mains ni le dossier de l'affaire LAURENT, ni le rapport de contre expertise médicale décide de remettre l'examen de l'affaire à son audience du 25 novembre 1933

25 novembre 1933 : la cour spéciale de justice militaire n'ayant en mains ni le dossier de l'affaire LAURENT, ni le rapport de contre expertise médicale décide de remettre l'examen de l'affaire à son audience du 9 décembre 1933

01 décembre 1933 : la contre-expertise médicale du Docteur Paul est réalisée ayant pour conclusion : au point de vue médico légal nous n'avons, à notre avis, nullement la démonstration que la blessure de LAURENT soit le résultat d'une mutilation volontaire.

Journal officiel

09 décembre 1933 : la cour spéciale de justice militaire :

1934 :

Aujourd'hui, le nom de François Laurent figure sur une plaque commémorative au monument-ossuaire de « La Ferme de Navarin » à Souain-Perthes-Lès-Hurlus (Marne) .